C’est toujours ce qu’on dit les premiers jours. D’accord. C’est toujours ce que je me dis les premiers jours, mais je suis à peu près certaine de ne pas être la seule, même si tout le monde déteste l’avouer.
Il suffit de se retourner en arrière, voire même de se contenter de légèrement tourner l’œil, pour constater que l’année passée n’a pas été très glorieuse. Pour résumer : deux séparations très douloureuses, l’une clôturant à jamais la dernière page d’un livre écrit deux ans auparavant et qu’on destinait à devenir le chef d’œuvre de toute une vie ; l’autre détruisant un coup de foudre bref mais intense ainsi que tous les rêves, la fraîcheur et les envies qui accompagnent un tel élan amoureux, comme une bougie qu'on souffle brusquement une nuit d'hiver glaciale. Une autre séparation, plus définitive celle-ci, d’un ami qu’on croyait dans les parages à jamais et qui a pris la tragique décision de se limiter à « jamais ». Une année de remise en question, de drames familiaux et sentimentaux, de bouleversements intérieurs, mais une année peut-être nécessaire pour en commencer une nouvelle. Plus belle. Forcément plus belle, non ?
… Pas forcément. Ce sont les mots que les derniers jours ont imprimé dans mes pensées, comme une migraine sourde et douloureuse qui guette, attendant le moindre instant pour ressurgir tel le diable de sa boîte. Hier, j’ai perdu quelque chose.
La journée se déroulait tranquillement, quand le téléphone sonne. La plus vieille amie de ma mère, un membre à part entière de la famille, dont la voix tremble lorsque je décroche. L’angoisse me saisit, l’appréhension qu’une chose horrible se soit passée s’installe. Après deux heures de conversation dont je ne capte que des bribes, je comprends. Son mari vient de la quitter. Banal, non ? Tellement banal que ç’en est triste. Combien de couples se séparent chaque jour ? Des dizaines, des centaines ou peut-être des milliers ? C’est devenu monnaie courante. Pourtant, chaque couple est unique, il est des couples dont on se dit « ils sont inséparables ». Prenez Startsky et Hutch, Bonnie and Clyde, Dupont et Dupond, Tintin et Milou, Edward et Bella, enfin les exemples ne manquent pas. Ils ne sont rien l’un sans l’autre, n’est-ce pas ? Il en était de même pour ce couple, jusqu’à ce que quelqu’un d’autre croise leur route, jusqu’à ce que tout change, tout s’effondre. Pourtant il était l’homme parfait, et ça n’engage pas que moi, de l’avis général, cet homme est parfait. Fidèle, attentif, drôle, attentionné, affectueux, beau, grand, enfin la totale quoi. Toutes les filles en rêveraient. Pour moi, ce couple était un modèle, il représentait l’espoir, l’avenir, l’amour, la passion. Et voilà qu’il s’effondre. Autant vous dire que je me suis sentie toute bizarre. Qu’est-ce que vous vous diriez si l’homme que vous considérez comme parfait trompe sa femme ? Si le couple que vous pensiez inattaquable s’écroule ? Avouez que ça remet pas mal de choses en question. Ça remet pas mal de cynisme sur la planche. Comment gérer cette destruction constante des choses auxquelles on tient ? Est-ce la peine de bâtir quelque chose de fort, de durable, d’invincible, si tout peut se ratatiner comme un château de cartes d’un instant à l’autre ? Faut-il encore croire en l’amour s’il ne mène plus à rien ?
Ce sont ces questions sans réponse qui m’étreignent depuis. Accompagnées de peine, de tristesse, de désespoir. C’est vrai, le XXIème siècle offre tout ce dont on peut rêver : communication instantanée, information en temps réel d’un bout à l’autre du monde, technologie sophistiquée… Mais si la machine a gagné, le cœur a bel et bien perdu. Les gens sont seuls, inventent mille et une tactiques pour combler leur solitude, leur vide existentiel, et heureusement ( !) certains y arrivent. Mais pour d’autres, d’un instant à l’autre, tout s’effondre. Et la peur, la solitude, le vide, recommence… Boucle incessante qui donne à réfléchir. Et qui attaque sérieusement les bases de l’optimisme. Il faut le dire : en ces temps, l’optimisme a la vie dure. Les jeunes censés être dynamiques et enjoués redoutent l’avenir, ne savent plus à qui se fier. On nous répète à longueur de temps qu’aucun travail ne nous attend, que les études ne mènent plus à rien mais qu’il est nécessaire d’en faire quand même, que la société va mal, que les pays se marchent dessus pour faire toujours plus de profit, que les gens deviennent dingues et que ce qui était il y a quelques siècles une balade au clair de lune ressemble aujourd’hui à une agression armée dans une ruelle glauque. Avec toutes ces informations noirâtres qu’on nous jette à la figure en permanence, comment continuer à rêver ? À aimer ? À imaginer ? À créer ? À construire ? L’ignorance est-elle la seule issue pour vivre heureux ? Faut-il devenir une autruche, plonger la tête dans le sable en chantonnant pour se bâtir son petit monde sans rien voir ni entendre du dehors ?
Tout le monde a des questions, mais qui donc détient les réponses ?
En tout cas, une chose est sûre, si l’on arrête de croire, autant s’allonger par terre et se laisser mourir tout de suite. Et puis, qui sait… Peut-être l’homme parfait finira-t-il par s’apercevoir de la gigantesque erreur qu’il a commise, peut-être reviendra-t-il auprès de sa femme pour lui dire qu’il l’aime et qu’il n’aurait pas dû attendre de la perdre pour s’en rendre compte, peut-être vivront-ils heureux jusqu’à la fin des jours et peut-être pourrai-je bientôt me dire : je le savais. L’espoir existe encore.
Excellente première chronique, je n'ai que ça à dire. Quand je penses que tu la disais mal écrite! Tu te fiches de moi :p En tout cas, tu le sais, je ne peux qu'approuver: l'optimisme fait long feu, ces derniers temps. Je me réfugie dans la création, perso. L'habillage de ce blog, l'éventualité d'en tenir un moi-même, quelques scénarios de romans... On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.
Une chose reste certaine dans ce monde mouvant: je t'aime fort :) Sache-le.
Joyeuse inauguration de blog ^^