Mercredi 22 septembre



Lundi, j’ai pris une année. Outre le fait que je trouve ça plutôt angoissant de continuer à cumuler des années passées à ne rien faire de sa vie, ce n’est pas l’objet de cette chronique. Non, en fait je vais plutôt vous parler de la manière dont j’ai fêté cette triste nouvelle : voilà dix-neuf ans que je ne fais rien de plus passionnant qu’aller en cours sans que ma vie ait le moindre aspect trépidant.

Sauf que voilà, pour une fois, elle l’était (trépidante, s’entend). Je me suis embarquée dans une grande aventure, qui a commencé vendredi dernier à 9h. Faisons un petit retour en arrière sur tout ça…

Vendredi 17 septembre

 

Neuf heures. Je finis de charger mes affaires dans la voiture, veille à ne pas oublier mon manteau en cuir, prends mes clés de voiture sur le meuble et pars sans me retourner, direction Versailles. Un long week-end m’attend : après 500 km de route dont 150 passés sur une route droite interminable limitée à 90 km/h et sans la moindre station service, m’obligeant à explorer les limites jamais explorées de la résistance de ma pauvre vessie, je récupère Epok et nous partons, deux heures plus tard, pour la Normandie. Nous arrivons à Caen tard dans la soirée, éreintées par les nombreux bouchons que nous avons dû traverser, et nous demandons encore plus ou moins si toute cette route valait vraiment le coup…

Samedi 18 septembre

 

Onze heures. Les deux heures précédentes ayant été destinées à endosser nos costumes minutieusement composés avec les moyens du bord (à savoir un costume de pirate intégral avec tricorne et veston pour Epok, et un attirail d’elfe noire à base de corset et d’oreilles en latex pour moi), nous arrivons sur les lieux du Festival Cidre et Dragon, point culminant de notre épopée. Un festival médiéval et fantastique que nous découvrons avec stupeur, étendu dans toute la ville de Merville-Franceville-Plage, et qui s’étend devant nous avec sa paille sur le sol, ses échoppes qui fleurissent dans toutes les rues, ses panneaux indiquant une « Ecole de Dragonnier », une « Taverne de Recrutement des Aventuriers », un « Terrain de Trollball » ou encore une « Arène de Combats ».

Nous débarquons dans un autre univers. Notre univers.

Ici, le monde fade et triste du XXIème siècle n’existe plus. Les « fashion victims » et les « tektonik killers » sont balayés par les chevaliers en armure, les dames du Lac, les gobelins, les sorciers. Les grands méchants du XXIème siècle (braqueurs, agresseurs en tous genres ou qu’en sais-je encore) sont remplacés par des Uruk’Aï, des trolls, des nains ou des ogres.

Nous nous intégrons tout naturellement à l’un des clans, les Brasiards, opposés aux Venguins, et développons une répulsion toute aussi naturelle à l’égard de nos rivaux. Les combats éclatent dans les rues sans que personne ne s’en étonne, tout un chacun est armé et, pour une fois, ce sont les civils vêtus de jeans et de joggings qui choquent les badauds et sont considérés comme des intrus. Ce monde à la fois nouveau et ancien coule sur nous comme une deuxième peau et, au fur et à mesure que nous rencontrons des organisateurs, des mages qui nous confient des quêtes incongrues, des profs de philo transformés pour l’occasion en conférenciers sur des œuvres de fantasy, des commerçants et artisans divers et variés, une certitude s’impose à nous : nous sommes chez nous.

Et encore, nous n’en sommes qu’au début des festivités : le samedi soir, l’un des plus fantastiques concerts du groupe de pagan folk Omnia qui m’ait été donné de voir se déroulait sur une scène montée en plein milieu d’un champ, bondé de fans à moitié hystériques, enveloppés dans des capes pour se réchauffer. Alors je me laisse bercer par l’inspiration, me laisse emporter par la voix mélodieuse de Jenny, le timbre grave de Luka et les discours enflammés de Steve, me laisse aller à oublier la vie en-dehors de ce cocon tellement agréable où tout ressemble exactement à la vie dont j’avais toujours rêvé…

Après le concert nous finissons la soirée devant un spectacle de feu et enfin sur la plage, avec le bruit des vagues en arrière-plan, autour d’un feu de joie, à écouter des histoires de chevaliers et de princesses contées par un dénommé Tortequesne. Même au moment de rentrer, mes pensées restent sur cette plage, dans cette ville, entre terre et mer, entre XIIème et XXIème siècle, parce que je sais que l’aventure est loin d’être finie…

Dimanche 19 septembre

 

Onze heures. Parées de nos plus beaux atours, nous retournons au festival, nos costumes complétés d’éléments achetés la veille (une cape en velours noir pour ma part, une dague pour Epok – nous avons passé tout le week-end à nous lamenter sur le fait que, pour la première fois de notre vie où ç’aurait été à point nommé, nous ne soyons pas armées) et nous réjouissons de ce qui nous attend pour cette journée.

 

Au final, nous assistons au massacre d’un évêque par une bande de pillards moribonds, encourageons les équipes finalistes du fameux tournoi de Trollball (sport qui s’avère consister en une bataille organisée à base d’épées, le gagnant étant celui qui réussit à s’emparer de la tête de troll), cherchons en vain, à mon plus grand dam, à retrouver le charmant organisateur avec lequel nous nous entretenions la veille, goûtons à des plats et boissons médiévaux à en damner une dieu scandinave et mirons un « spectacle dont vous êtes le héros » à mourir de rire.

Ce n’est qu’au moment de rentrer, en franchissant pour la dernière fois les grilles de cet endroit qui nous était devenu étrangement familier en si peu de temps, que nous sentons naître une boule dans notre estomac, nous signalant amèrement qu’il faudra attendre très très longtemps avant de se sentir à nouveau aussi bien quelque part…

Lundi 20 septembre

 

Ereintée mais inspirée et des étoiles plein la tête, je repars pour sept heures de route jusqu’à mon chez-moi… Mais en franchissant le portail de la maison, les nouvelles chansons d’Omnia défilant en boucle dans ma voiture, une réalité s’impose à mon esprit : j’étais bien plus chez moi dans ce petit village normand, peuplé de gens costumés bizarres avec un langage incompréhensible, une vêture pour le moins suspecte et des activités hors du commun, que dans mon village natal, où j’ai toujours grandi.

Bizarre ? Pas tant que ça, non. Mais seuls des Brasiards pourraient comprendre…

P.S. : juste pour le plaisir, une petite compilation des meilleures diatribes du week-end

 

Vieux gus merwynesque assis sur devant sa table : « Que pensez-vous de la coloration des nuages ? »

 

Merwyn : « Ahhh, vous êtes Brasards »

Gilestel (plus communément connu sous le nom de Grégory-a-priori) : « -siards. Brasiards. »

Merwyn : « -siards »

Epok & Hex en chœur : « -siards »

 

Grégory-a-priori : « Vous avez des épées ? Non ? Ahhh, dommage, vous auriez pu participer au tournoi de Trollball ! »

 

Toujours Grégory-a-priori : « Euh au fait, vous êtes armées ? Non parce que vous pouvez pas accéder au concert avec des armes »

 

Maître du Jeu du Scénario dont Vous Êtes le Héros : « Alors, voici un paysan, que nous appellerons Igor. Donc, Boris… »

 

Démon dudit scénario : « Non mais du point de vue de la mutuelle… »

Guerrier : « Oui c’est vrai que… »

Maître du Jeu (assez hilarant, il faut l’avouer) : « Démon, guerrier, sans vouloir vous offenser, vous voudriez pas un peu de thé et de petits gâteaux avec votre conversation de MAMIE ?! »

 

(Et pour finir…) Steve, chanteur et musicien d’Omnia galérant avec le français : « Donc… Hum… Wolfsong is a song about un petit fils en la forêt… »

 

 

...Nostalgiquement vôtre


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