Jeudi 3 mars

Je suis rentrée d’Italie depuis moins de vingt-quatre heures (ce qui explique donc mon absence depuis un temps relativement long). En effet, profitant de mes dernières vraies vacances, puisqu’il ne me reste qu’un carême de quarante jours avant de devoir affronter les terreurs du concours, je me suis offert une échappée belle d’une semaine à Padoue et à Venise. Je connaissais déjà bien Venise, mais jamais en hiver, et jamais au moment du carnaval. C’est vraiment… un lieu, un moment, unique et magique, que je recommande à n’importe qui. De plus j’ai rencontré des gens formidables, accueillants, d’une gentillesse qui défie les lois de mon imagination. Non, vraiment, c’était super. Le seul problème, c’est que je suis rentrée.

Erreur. Fatale erreur même. Si je m’étais écoutée je serais restée là-bas et je me serais évité la montagne de saloperies qui me sont tombées dessus depuis quelques heures. Déjà j’ai bien failli rester prisonnière en Suisse après une sortie de l’aéroport un peu précipitée qui m’a conduite du côté Suisse de Bâle, le côté suisse étant séparé par un immense grillage du côté français (qu’est-ce qu'est devenu l’espace Schengen, je vous le demande ?) et impossible de revenir en arrière. Une heure plus tard j’ai finalement réussi à traverser la frontière, en me sentant presque l’âme d’une Résistante victorieuse, et j’ai pu rentrer chez moi. Jusqu’ici rien à signaler de particulier, hormis que ma sœur n’a même pas remarqué que j’étais rentrée avant qu’elle ne reparte je ne sais où et que tous mes sms guillerets de « Je suis rentréééée, faites péter le Champomy ! » sont restés sans réponse (déjà on se sent vraiment aimé là hein -__- …)

Et à ce moment-là j’ignorais encore que dès le lendemain matin, pour fêter nos retrouvailles, je recevrais un sms alarmiste de ma copine me disant qu’il fallait qu’on parle et que, le soir même, je me ferais larguer. Quand je vous disais que j’aurais mieux fait de rester en Italie, déjà qu’en général quand on part de Venise pour Strasbourg on n’a pas le moral en berne mais alors là. Donc voilà, je suis de retour chez moi avec une énorme montagne de boulot qui m’attend pour lundi et célibataire trois semaines et trois jours après le début d’une relation qui me semblait pourtant bien partie.

Et en plus, pourquoi, ou pour qui ? Eh bien pour rien de tout. Je vous révèle le fin mot de l’histoire : mon ex (…) a revu une de ses exs et il s’est révélé que depuis elle pense à elle, bien qu’elle continue ridiculement à affirmer qu’elle ne ressent plus rien pour elle et que ladite briseuse de couple soit déjà en couple (ah bah tu m’étonnes c’est tout bénèf pour elle : elle a sa copine et, en sus, la mienne). Donc, au final, tout le monde est malheureux et personne n’est avec personne. J’aurais encore préféré qu’elle me dise qu’elle ne m’a jamais aimée – ce qui est devenu cruellement évident depuis quelques heures ; je le savais déjà, bien sûr, mais j’entretenais le fol espoir qu’en une semaine d’absence elle se rendrait compte qu’elle a des sentiments pour moi ou quelque chose de stupidement mièvre du même genre qui prouve définitivement que je dois arrêter de regarder des films à l’eau de rose – et qu’elle est follement éprise de cette fille, qu’elles ne peuvent pas envisager de ne pas être ensemble, quelque chose comme ça. Au moins ça se serait bien fini pour quelqu’un. Mais là, non. Et une fois de plus, devinez quel rôle je tiens dans cette vaste tragédie ? Le rôle de la fille pleine d’espoir et d’étoiles dans les yeux qui ne compte pas assez pour qu’on veuille se battre pour elle. Je connais tellement bien ce rôle maintenant que je pense que je pourrais facilement décrocher un Oscar.

Et pourquoi je ne pourrais pas changer, moi ? Pourquoi je ne pourrais pas être l’autre fille, celle qui fait battre les cœurs, celle qui fait naître des pulsions, des passions, celle pour qui on vire tout et tout le monde, celle pour qui on détruit sa vie même si c’est en vain ? Pourquoi est-ce que je ne compte jamais suffisamment pour qu’on veuille me garder auprès de soi ? Pourquoi est-ce que, encore une fois, je me suis faite avoir ? Pourquoi est-ce que j’ai encore stupidement cru que cette fois, c’était sûr, j’allais compter, j’allais devenir l’Unique, celle à qui on pense quand on est pas avec elle, celle qu’on a envie de retrouver, celle de qui on espère recevoir un signe de réciprocité en permanence, celle qui fait tourner la tête et chavirer le cœur… Avant tout allait bien pour moi, ou presque. J’ai vaillamment réussi à renaître de mes cendres et à battre des ailes suffisamment fort pour reconquérir ma liberté. J’avais une vie et elle me convenait. J’étais indépendante. Et puis je me suis faite piéger. J’ai tenté d’attraper un diamant et je m’y suis brûlée. Bien fait pour moi. Ça m’apprendra.

Alors qu’est-ce que j’ai fait ? Eh bien j’ai fait ce que font toutes les filles quand elles se rendent compte qu’elles croyaient être tout et qu’elles ne sont rien. J’ai regardé ma série préférée, j’ai mangé des kilos de tarte à la mirabelle et j’ai ruminé toute la nuit. J’ai laissé mon deuil dans l’obscurité, ainsi que mon indigestion, et aujourd’hui en me levant je me suis promis de ne plus jamais me faire avoir, et de ne plus jamais rien avaler.

Comme ce que font toutes les filles au cœur brisé.


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Par Ronald le
Bon courage..ça arrive à tous t'inquiète pas pour ça.. :(
 

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